Donald Trump aurait donc poignardé les Européens dans le dos. Telle est la thèse développée par Roger Cohen en Une du New York Times. A l’en croire, le président américain Donald Trump a « abandonné l’Europe » pour donner l’accolade (to embrace) à « un autocrate brutal, le président russe Vladimir V. Poutine ». Les États-Unis ajoute-t-il « se sont retournés contre leur allié européen, lequel serait « sous le choc ».
La volonté américaine de mettre fin au conflit russo-ukrainien et l’invitation forcée faite à Vladimir Zelenski, le président ukrainien, de s’assoir à une table de négociation, a irrité les Européens. Dans Challenges, Jean-Yves Le Drian, ancien ministre des Affaires étrangères, affirme « que les Etats-Unis sont devenus les adversaires de l’Union européenne. Le doute n’est plus permis ».
Dans le même numéro de Challenges, Nicolas Domenach attribue à Donald Trump toutes les caractéristiques du « méchant » : « brutalité hégémonique », « hégémonisme américain (qui) laisse sans voix », « rupture belliciste » de Trump.
Dans Le Monde, Alain Frachon accuse « Donald Trump (d’avoir fait) fait exploser l’Otan ». « Le président américain a vidé l’OTAN de ce qui fait la force d’une alliance de défense collective : la fiabilité ».
Dans un éditorial, Le Monde décrit la relation entre Trump et Poutine comme on a pu parler du Pacte entre Hitler et Staline en 1939 : « le grand basculement géopolitique en cours depuis que Donald Trump s’est rapproché de Vladimir Poutine aux dépens de l’Ukraine et de l’Europe ».
Dans Ouest France, Bruno Tertrais, politologue, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, affirme que « la sécurité de l’Europe est aujourd’hui doublement menacée. Par un adversaire et par un allié. L’Europe se retrouve dans la situation inédite de faire face à deux prédateurs, voire trois si on compte la Chine. »
Le 5 mars, un Emmanuel Macron costumé de noir, a clairement expliqué aux Français qu’il ne laisserait pas Donald Trump les priver de leur ennemi de prédilection : la Russie. « la Russie est devenue une menace pour la France et l'Europe ». Le président français a ajouté : « Qui peut croire que la Russie s'arrêtera à l'Ukraine ? »
Cécile Cornudet, fine mouche remarque dans les Echos que « la peur (est) le plus solide des ciments. Nous y sommes. Une nouvelle Amérique torpille les règles du monde, « l’agressivité de la Russie ne connaît pas de frontières », les Français s’inquiètent ».
L’Europe réarme
Jeudi 6 mars, l’Union européenne a emboité le pas du président français. Un tournant paradigmatique écrit en substance le magazine Le Point. « De Donald Tusk à Olaf Scholz, en passant par Emmanuel Macron et Pedro Sanchez, tous les chefs d'État et de gouvernement (présents au sommet spécial consacré à la défense et à l'Ukraine) ont affiché leur détermination à « réarmer l'Europe ». 800 milliards d'euros seront mobilisés. Défense anti-aérienne, missiles, drones et systèmes anti drones, systèmes d'artillerie… équiperont en premier les armées du continent européen.
Cette Europe si éprise de paix, si ouverte à la diversité, si preneuse d’un cesser le feu à Gaza… la voilà prochainement hérissée de radars et de systèmes d’armes. Contre Poutine ?
Qui est l’ennemi ?
La question de l’ennemi est au cœur du différend entre l’Europe et les Etats Unis : qui est -il ?
A Munich, lors de la Conférence sur la sécurité qui a eu lieu du 14 au 16 février, J.D. Vance, vice-président américain, a posé la question aux dirigeants européens : « vous parlez de vous réarmer, a-t-il dit, vous discutez budgets : « mais avant de réfléchir aux questions budgétaires ne faudrait-il pas définir ce que nous entendons défendre ? »
JD Vance a suggéré que l'immigration de masse, et l'immigration musulmane en particulier, représentait un risque majeur. « De toutes les urgences et de tous les défis auxquels sont confrontées les nations (européennes) représentées ici, je crois qu'il n'y a rien de plus urgent que la migration de masse. Aujourd'hui, près d'une personne sur cinq vivant dans ce pays (l'Allemagne) est un immigré. Il s'agit d'un chiffre record. Et la situation est la même aux États-Unis » a affirmé Vance aux dirigeants européens. « L’Immigration non contrôlée est plus dangereuse que la Chine ou la Russie ».
JD Vance a également expliqué que pour défendre sa politique d’immigration, l’Europe attente à la liberté d’expression, annule des élections (comme en Roumanie), menaçait de supprimer les réseaux sociaux… Bref, l’Europe, berceau de la démocratie, ne serait plus l’Europe.
Mais JD Vance s’est cogné à un mur. Les Européens ont reculé, horrifiés. Pour eux, l’ennemi n’a qu’un nom : Poutine !
Wokisme ?
L’administration Trump pourrait bien se heurter en Europe à l’ennemi qu’elle traque sur le sol américain : le wokisme. N’est-ce pas le wokisme qui amène le président français à demeurer sans réactions face aux provocations algériennes (arrestation de l'écrivain Boualem Sansal, influenceurs algériens appelant au djihad, refus d’Alger de reprendre ses délinquants…), tout en pointant un doigt accusateur contre Poutine ? L’Algérie, ancienne « colonie » demeurerait éternellement une victime ? Elle ne saurait devenir un ennemi ?
Les attaques au couteau déferlent sur toute l’Europe, Le Figaro parle de « stratégie islamiste des «mille entailles » qui veut mettre la France à genoux ». 10 397 attaques au couteau » ont été recensées en France en 2024, 13 844 en Allemagne selon le journal Bild, plus de 50 000 en Angleterre et au Pays de Galles… mais ce djihad, pourquoi les dirigeants européens ne le voient-ils pas?
Pour que l’Europe ait des ennemis, faut-il qu’ils soient blancs aux yeux bleus ? La Russie, blanche de peau, qui considère que l’Ukraine fait partie de sa zone d’influence, serait donc l’ennemi ?
Et ce Donald Trump qui se blondit les cheveux…
Merci Monsieur Mamou ! Enfin un commentaire sur lequel j'adhère complètement.
Le pouvoir et la manipulation de la presse! Et le peuple qui y croient aveuglement. Merci Yves Mamou.