Guerre Israël-Iran : la Faute à Trump ?
Ce n’est pas la sortie des États-Unis de l'accord sur le nucléaire qui est à l'origine de la guerre. C’est l'accord sur le nucléaire qui a rendu la guerre inévitable.
Une rumeur fausse court le monde et les médias : la guerre actuelle au Moyen Orient entre l’Iran et Israël serait la faute de Donald Trump. Si, en 2018, le président américain ne s’était pas retiré du JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action), l’accord sur le nucléaire conclu en 2015 entre Barack Obama et les ayatollahs, la situation serait bien différente de ce qu’elle est aujourd’hui.
La faute de Trump alors ?
Tel est l’avis de John Kerry, ancien secrétaire d’État, qui a déclaré en 2024 que le retrait par Trump du JCPOA « a créé une région plus dangereuse, a renforcé l’Iran et isolé les États-Unis ».
Tel est aussi l’avis de Jim Himes (député démocrate) et de Chris Murphy (sénateur) qui pensent que Trump a pris la mauvaise décision.
Matthew Bunn (Harvard) et Nicholas Burns (Harvard, ancien ambassadeur à l’OTAN) ont affirmé que Trump avait « libéré Téhéran de ses obligations ».
Des médias américains influents comme le New Yorker ont expliqué que l’abandon du JCPOA était un acte « sans stratégie » qui « a profondément affaibli les efforts diplomatiques ». Et des think tanks écoutés comme l’Atlantic Council ont ajouté qu’en agissant unilatéralement, Donald Trump a « renforcé les faucons à Téhéran et les a encouragés à de nouvelles actions militaires (Hezbollah, Syrie, Israël…) ».
En France, des hommes politiques comme François Hollande déclarent encore aujourd’hui que « Donald Trump est responsable de l’actuelle escalade militaire entre Israël et l’Iran ». Et des médias de gauche comme Le Monde ont été chercher de faux experts comme Jeffrey Lewis, directeur de programme à l’Institut d’études internationales de Middlebury à Monterey (Californie), pour affirmer que « Donald Trump est responsable de cette crise » car il a jugé « plus important de maintenir les sanctions que de résoudre le problème nucléaire. Voilà la racine du problème. » De son côté, Radio France a affirmé que le retrait du JCPOA avait été « irresponsable » et « déstabilisant pour le Moyen-Orient ».
Mensonges
Tous les propos qui précèdent sont des mensonges. Les termes dans lesquels, le 8 mai 2018, Donald Trump a annoncé que les États-Unis sortaient du JCPOA ou Accord sur le nucléaire iranien procédaient d’une analyse juste de la situation.
Ce « prétendu ‘accord iranien’ a déclaré Donald Trump était censé protéger les États-Unis et leurs alliés de la folie d’une bombe nucléaire iranienne (…). En réalité, cet accord a autorisé l’Iran à enrichir l’uranium pour, à terme, se retrouver au bord d’une percée nucléaire.
(…) « Au cœur de l’accord avec l’Iran » a ajouté Donald Trump, « se trouvait une fiction gigantesque selon laquelle un régime meurtrier souhaitait un programme nucléaire pacifique.
« Aujourd’hui, nous avons la preuve irréfutable que cette promesse iranienne était un mensonge. La semaine dernière, Israël a publié des documents subtilisés par ses services de renseignement[1] qui montrent sans équivoque que le régime iranien à un long historique de recherche de l’arme nucléaire.
« Cet accord (…) n’a apporté ni le calme, ni la paix, et il n’apportera jamais la paix » a conclu Trump.
Ce n’est pas la sortie de l’accord sur le nucléaire (JCPOA) qui a déclenché la guerre. C’est le JCPOA qui est à l’origine de la guerre.
QU’EST CE QUE LE JCPOA ?
Le JCPOA esst un accord conclu en 2015 par les huit parties suivantes : l'Iran, les pays du P5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies — les États-Unis, la Russie, la Chine, la France et le Royaume-Uni — auxquels s'ajoute l'Allemagne), ainsi que l'Union européenne. Cet accord-cadre a reconnu à l’Iran le droit d’acquérir une expertise dans l’enrichissement de l’uranium. Une expertise qui ne peut mener qu’à la bombe, car il n’est nul besoin d’enrichir pour produire de l’électricité d’origine nucléaire.
Le JCPOA contraignait l’Iran à ne pas enrichir au-delà de 3.75%, un seuil loin du niveau de pureté nécessaire à une utilisation militaire. Mais cette contrainte était limitée dans le temps.
Toutes les contraintes du JCPOA avaient la particularité d’être obsolètes après dix ou vingt ans.
L’accord ne disait rien :
- sur les missiles susceptibles d’accompagner une charge nucléaire
- sur les milices terroristes que l’Iran arme et finance tout autour du Moyen Orient, au Yémen, au Liban, en Syrie, en Irak etc.
Deux autres éléments méritent d’être mentionnés.
1 – Obama et son équipe n’ont jamais soumis l'accord au Congrès – où Israël compte de nombreux amis – et où le document aurait été retoqué. Le «nuclear deal » est une simple convention entre deux gouvernements : il est dénué de valeur institutionnelle.
· 2 - L’accord sur le nucléaire a été bâti sur un mensonge : que les Iraniens étaient désormais dirigés par des « modérés ». En 2016, Ben Rhodes, conseiller d’Obama à la Maison Blanche, a expliqué dans le New York Times qu’il a contribué à bâtir une « chambre d’écho[2] » pour accréditer l’idée qu’un «modéré », Hassan Rouhani, avait été élu à la présidence de la République islamique. Ouvrir la voie du nucléaire militaire à des fanatiques islamistes aurait surpris et inquiété tout le monde. Mais accompagner des « modérés » sur le chemin de la bombe devenait une aventure acceptable.
EN 2020, DONALD TRUMP EST BATTU AUX ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES
Un démocrate, Joe Biden, devient président des États Unis. Va-t-il poursuivre la politique dure de Donald Trump ?
· La réponse arrive très vite. En janvier 2021, entre l’élection de Joe Biden et son entrée en fonction, l’Iran s’est autorisé à produire de l’uranium enrichi à 20 % au lieu de 3,67 %. Biden ne proteste pas et accepte l’idée que l’Iran a été libéré de toute contrainte liée au JCPOA.
En février 2021, pour encourager l’Iran à effectuer un geste et revenir à la table des négociations, les États-Unis ont retiré la milice pro-iranienne Houthi de la liste des organisations terroristes.
En 2021, les ayatollahs ont fait élire Ebrahim Raisi dit « le boucher de Téhéran », à la présidence de la République. Fini le « gentil » Hassan Rouhani,
En février 2021, l’Iran a produit de l’uranium métal, un composant essentiel des armes nucléaires. Les États-Unis insistent sur un retour à la table de négociations.
En 2021 toujours, l’Iran a augmenté le taux d’enrichissement de sa production d’uranium de 20 à 60 %, un taux qui se rapproche beaucoup plus de la qualité militaire. Les puissances occidentales « condamnent ».
En juin 2022, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) « estime (que l’Iran a produit) plus de 15 fois la quantité autorisée dans le cadre du JCPOA, y compris l’uranium enrichi à 20 et 60 % », indique un communiqué de l’ONU.
En mai 2024, un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a révélé que les stocks iraniens d'uranium hautement enrichi à 60 pour cent ont augmenté depuis février. Ils sont passés de 20,6 kg pour atteindre 142,1 kg. Ces stocks pourraient être convertis en uranium enrichi de qualité militaire en quelques jours.
Le 27 mai 2024, le Wall Street Journal a révélé que les États-Unis ont fait pression sur leurs alliés occidentaux pour qu’ils ferment les yeux sur cette infraction. Comme l’écrit John Bolton dans le Wall Street Journal, « le monde a véritablement basculé lorsqu'un président américain supplie les alliés des États-Unis d’inciter l’agence nucléaire des Nations Unies à faire preuve de clémence à l'égard d'un proliférateur nucléaire terroriste ».
On connait la suite. Donald Trump est élu en novembre 2024. En avril 2025, il donne deux mois aux Iraniens pour renoncer à leur programme nucléaire. Refus iranien. En juin 2025, Israël passe à l’action.
QUESTION : POURQUOI BARACK OBAMA, PUIS JOE BIDEN ONT-ILS ACCOMPAGNÉ L’IRAN DANS SON ÉPOPÉE NUCLÉAIRE ?
· [1] Ces documents ont été dérobés par le Mossad en janvier 2018 dans un entrepôt secret situé à Shorabad, au sud de Téhéran. L’opération a permis de saisir environ une demi-tonne de matériel, comprenant 55 000 pages de documents papier et 55 000 fichiers numériques stockés sur 183 CD-ROM.
[2] Une « chambre d’écho » est une technique de manipulation qui consiste à faire répéter par les médias qu’un changement a eu lieu. Par allusions répétées, les politiques finissent par convaincre les médias que l’Iran devient un pays fréquentable.
Que de désinformation et analyses à la petite semaine dans l’espace public …merci une fois de plus pour ton journalisme construit , analytique et précis, au service de la vérité et donc d’une forme de liberté
Tout à fait d'accord avec cette analyse, soutenue par de nombreux faits, auxquels je me permettrais d'ajouter que, parmi le défaut principal du JCPOA de 2015 négocié sous l'ère Obama, les "sites militaires iraniens" étaient exclus de la zone de contrôle possible de l'AIEA. Les Iraniens avaient refusé que ce soit le cas, et cela n'avait pas constitué de "deal breaker" pour les négociateurs US et européens.
De plus, effectivement le JCPOA, n'était pas un réel accord signé. Concrètement, il s'agissait juste d'une résolution du Conseil de Sécurité de l'ONU (2231) et du Protocole additionnel. Les US s'en sont désolidarisés en 2018, c'est vrai, mais cette Résolution n'a jamais été annulée par le CS.
Et comme vous dites bien, le JCPOA était surtout une autorisation pour l'Iran a développer l'arme nucléaire 10 ans plus tard, soit exactement maintenant (en octobre 2025 pour être précis). C'était d'ailleurs l'objet de la liesse de la rue iranienne pro-régime des Mollahs en juillet 2015. Ce n'était pas tant le blocage de 10 ans qui était retenu, que cette libération 10 ans plus tard, au contraire qui était fêté. Libération qui devait d'ailleurs être précédée d'un flux de rentrées financières majeures grâce à la levée des sanctions promises par Obama.
Dire que cette guerre est donc causée par la sortie du JCPOA de 2018 par Trump est tellement faux qu'elle ne peut être prononcée que par des agents du régime des Mollahs, conscients ou inconscients.