Israël Mène-t-il une Guerre « Immorale » à Gaza ?
Euh non, c’est la morale qui fait la guerre à Israël.
Dès le 8 octobre 2023, les soutiens publics au Hamas, un mouvement terroriste islamiste qui venait d’assassiner et de torturer 1200 Israéliens hommes, femmes et enfants, se sont mobilisés dans les rues et sur les réseaux sociaux. Partout, en Europe, aux États-Unis et au Moyen-Orient.
Oui, Israël venait d’être agressé, mais les soutiens qui se sont mobilisés ont été en faveur du Hamas.
On ne glosera pas ici sur l’« inversion des valeurs » ou l’effondrement moral de l’Occident (sans parler de celui du monde musulman). On constatera seulement que la guerre que le Hamas mène à Gaza, il la mène aussi en dehors de l’enclave palestinienne.
« Israël ne doit pas croire qu’il mène une guerre contre le Hamas (…) » « Il est engagé dans une guerre virtuelle contre une tribu mondiale et connectée, et il lutte pour sa survie », explique John Robb, ancien pilote de l'armée de l'air américaine et analyste stratégique de renommée internationale. Et cette guerre électronique, ajoute-t-il, est une « guerre morale ».
« À l’ère numérique », affirme John Robb, « les conflits se déroulent de plus en plus sur le terrain moral, où les récits et les perceptions peuvent avoir autant d'influence que la force physique ». Dans « Comment déclencher une guerre morale en ligne », Robb explique que des récits et des images à forte charge émotionnelle peuvent saper la cohésion et la légitimité de l'adversaire, retourner ses alliés contre lui, l’isoler sur le plan international, diviser sa propre population.
L’historien israélien Gadi Taub a développé une idée similaire. « Israël ne combat pas seulement un ennemi militaire. Il mène simultanément une guerre culturelle contre une constellation d'organisations de défense des droits de l'homme, de groupes de réflexion et d'ONG, de tribunaux internationaux biaisés, de journaux woke, de médias et de plateformes de médias sociaux « progressistes », d'universités corrompues et de défenseurs de la paix qui tentent de nous lier les mains ».
Sur X, Facebook, Instagram, TikTok… Comme dans les rues des grandes villes du monde – Londres, Sydney, New York, Madrid… –, ces tribus « morales » s’acharnent à dénoncer, humilier, diaboliser, non pas l’agresseur islamiste, mais la victime juive. Toutes ont utilisé les mêmes mots clés déclencheurs d'empathie : « enfants palestiniens », « famine », « génocide », etc.
Les Juifs, nouveaux nazis
La force de cette clameur qui transforme les juifs en nazis « contourne les médias traditionnels et, dans certains cas, contraint les entreprises médiatiques à s’aligner », ajoute John Robb. La BBC, Le Monde, le New York Times… croient prendre en considération l’idée qu’un « génocide » est en cours à Gaza. Mais en réalité, ces médias pourraient n’obéir qu’à la meute.
Les magistrats de la Cour pénale internationale qui ont lancé des mandats d’arrêts contre le premier ministre israélien plutôt que contre les dirigeants du Hamas ont aussi obéi à la meute. Par sa puissance, la meute morale a rallié à elle l’ONU, les pays du tiers monde et nombre de personnalités médiatiques. C’est ainsi que Judith Butler, l'oracle féministe, a considéré le Hamas et le Hezbollah comme des organisations de « résistance »… Et qu’elle n’a jamais condamné le viol utilisé comme une arme de guerre.
Un slogan « moral » radical a envahi les rues et les réseaux sociaux : « Free Palestine, de la rivière à la mer. » Ce qui, correctement traduit, signifie « Mort à Israël, mort aux Juifs ».
Les guerriers connectés de la justice sociale ont fait du génocide des Juifs une cause juste.
Cette guerre morale a rallié aussi des cautions juives.
En France, Delphine Horvilleur, « rabbine », a affiché sa vertu politique en déplorant qu’Israël « s’égare dans une déroute politique et une faillite morale. »
Delphine Horvilleur affirme qu’elle ne peut plus se taire. Mais alors qu’elle n’a jamais cessé d’écrire pour dénoncer l’État d’Israël, la voilà maintenant qui affirme qu’Israël aurait « un projet pour l’annihilation d’un autre peuple ». Delphine Horvilleur a suscité en écho la virtue signaling d’Anne Sinclair, ancienne journaliste vedette de TF1, qui « a honte de ce qui se passe en Israël » et celle du dessinateur Johan Sfar.
Aux États-Unis, les gauchistes de Jewish Voice for Peace accusent Israël de « génocide » et ceux d’IfNotNow réclament que les États-Unis cessent d’apporter leur soutien à un État qui pratique l’« apartheid ». Mais l’opposition à la guerre de Gaza déborde l’extrême gauche. Les fédérations juives d’Amérique du Nord, l’American Jewish Committee et l’Anti-Defamation League se sont déclarées opposées à la colonisation de Gaza. Les représentants du judaïsme réformé et ceux du judaïsme conservateur – ensemble, ils représentent la majorité des Juifs américains – y sont également opposés.
Tous ces juifs de gauche rêvent, comme l’écrit Charles Rojzman, inventeur de la Thérapie sociale, d’un « judaïsme impeccable — un judaïsme aux mains propres, c’est-à-dire sans mains… ». Mais « un judaïsme sans mains est un judaïsme mort — tout comme une morale sans courage est une morale vide. »
… Israël est-il en train de perdre la guerre ?
La guerre de la morale fait donc rage. Tous les jours, quelqu’un tire ou trahit. Pour John Robb, « Israël est en train de perdre la guerre ». Ce qui signifie que la victime n’a pas réussi à faire passer l’idée qu’elle se défend. Elle est devenue l’agresseur et le tortionnaire à la place de l’agresseur et du tortionnaire.
Mais John Robb va plus loin. Sur la base d’un sondage réalisé en 2023 – presque trois jeunes Américains sur quatre ont donné raison au Hamas – notre expert affirme « qu'Israël est en passe de perdre le soutien des États-Unis », dit-il. À l’avenir, ajoute-t-il, « les États-Unis ne se contenteront pas de ne pas soutenir Israël ; ils lui seront hostiles ».
Le juif fracture à nouveau l’Occident
La prédiction de John Robb a été proférée avant l’élection de Donald Trump. Elle était donc tributaire d’un moment politique où l’administration Biden était tiraillée entre le désir de se concilier la base jeune du Parti démocrate (hostile à Israël) et la nécessité de demeurer fidèle à son électorat mature (traditionnellement ami d’Israël).
Et puis, en novembre 2024, Donald Trump a été élu. Et une nouvelle donne est soudain apparue : le rugissement moral qui recadrait le conflit Israël-Palestine à travers le prisme des relations raciales – le juif blanc opprime le Palestinien basané – est devenu soudain plus ténu.
Donald Trump qui, tout au long de sa campagne électorale, a été lui-même vilipendé comme un juif, traité en paria par les médias, persécuté au plan judiciaire et qui, en plus, a manqué d’être assassiné, a entrepris de démanteler ces meutes morales qui faisaient la chasse aux juifs sur les campus américains. Le poids du pouvoir politique de l’État fédéral a fait apparaître l’évidence : la haine des juifs s’exprime parce que l’État la tolère.
Donald Trump a fait de la lutte contre l’antisémitisme un axe de reconquête politique. Il a entrepris d’extirper le wokisme des lieux où il est majoritaire – l’enseignement principalement, mais aussi certaines entreprises –, et de persécuter les antisémites qui trouvaient légitime d’attaquer les juifs au nom de la lutte contre le suprémacisme blanc. Des islamistes ont été arrêtés ou expulsés. D’autres islamo-wokistes ont été arrêtés. Les universités qui laissaient la propagande islamo-woke se propager ont été mises à l’amende ou privées de subventions.
Aux États-Unis, les tribus morales qui sévissaient dans les rues et sur les réseaux sociaux ont perdu de leur puissance. Contrairement à ce qu’écrivait John Robb il y a un an, les tribus woke sont aujourd’hui sur la défensive. Aux États-Unis en tous cas.
En Europe, le rapport de forces demeure en faveur des islamo-wokistes. Sans doute parce que le pouvoir politique ne se sent pas autorisé à intervenir. En France, personne ne tente de corriger l’islamo-wokisme de Sciences Po ou du service public de télévision. Et Emmanuel Macron cajole un djihadiste syrien, ancien d’al-Qaeda, sur le perron de l’Élysée.
La façon dont le pouvoir politique se comporte joue un rôle central. Et le comportement n’est pas le même de part et d’autre de l’Atlantique. L’Occident est divisé.
Comme l’écrit Gadi Taub, « cette guerre constitue un test pour l'une des questions les plus cruciales de notre époque : l'Occident pourra-t-il retrouver suffisamment confiance en lui pour défendre ses propres valeurs ? »
L’occident adopte progressivement les repères de ses ennemis paranoïaques. Ne sachant plus se défendre, il reprend les valeurs destructrices de l’Islam coranique sans plus comprendre qu’il accepte de se suicider. Les expériences du compagnonnage des gauches Iraniennes et des soutiens du FLN algérien sont oubliées. Perditions psychiques du chaos de l’humanité jusqu’au petit peuple courageux des israéliens divisé à l’intérieur de lui-même.
Excellent décryptage, et vivant là-bas (ici), vous décrivez sans concession l'intelligentsia internationale. Le mot "meute" m'a interpellé et c'est tellement vrai. Parler de « meute » depuis le 7 octobre exprime un ressenti d’isolement, d’hostilité injuste. ce qui peut nourrir le discours stratégique d'Israël et justifier son refus de céder.