La Guerre Eclair de Donald Trump (épisode 1)
« Chaos », « désordre », « pagaille » … les médias décrivent ainsi les réformes engagées par Donald Trump. Il s’agit en réalité d’un raid parfaitement coordonné.
Pour Radio Canada, la Radiotélévision Belge, ou Le Monde, les premières actions de Donald Trump ont provoqué de la « sidération » et ont été décrites comme un invraisemblable « chaos ». Même « Peggry Noonan, éditorialiste au Wall Street Journal a porté sur la scène washingtonienne le même regard consterné qu’elle aurait pu porter sur Gaza en ruines, regrettant la « rupture avec l'ordre ancien » et affirmant sa nostalgie d’un « ordre stable, d’attentes saines, de respect d’une certaine modération ancienne et du strict respect des formes et de la loi (…) ».
Pour la plupart des médias, les décrets signés en rafale par le nouveau président portent la marque d’un échappé de l’asile.
Mais il n’en est rien. Le nouveau président américain mène en réalité un blitz, une guérilla méthodique et sans merci, contre tous les bastions du progressisme qui ont pris pied au sein de l’Etat fédéral. Une guerre rapide, apparente en partie, masquée pour le reste, pour « sidérer » l’ennemi et retarder autant que possible sa réaction.
Guerre offensive ou défensive ?
Aussi étrange que cela paraisse, Donald Trump mène une guerre défensive. Il a entrepris de jeter à bas les moteurs idéologiques et institutionnels qui ont révolutionné les Etats Unis (et l’ensemble des sociétés occidentales). En l’espace de deux générations, les transformations qui ont été introduites en Occident, sont l’équivalent d’une révolution :
- immigration massive pour faire baisser les coûts du travail,
- discrimination positive en faveur des nouveaux arrivants,
- marginalisation des classes moyennes,
- affaiblissement de l’identité nationale,
- délocalisation des industries nationales en Chine pour casser les syndicats et accroitre la part des profits,
- montée en puissance des institutions multilatérales (ONU, OMS, Cour Pénale internationale…),
- droit national battu en brèche par le droit international,
- écoles et universités transformées en bastions de lutte contre les discriminations ethniques ou sexuelles,
- services de santé encombrés par les personnes issues de l’immigration,
- juridictions internationales plus puissantes que les juridictions nationales… etc.
Ces transformations ont été présentées aux citoyens comme « inévitables », relevant de la « force des choses », sans alternatives, et contre lesquelles il ne servait à rien de lutter.
Il n’en était rien.
Ce qui a eu lieu en Occident, ces quarante dernières années, a été une révolution. Une révolution méthodique, voulue et organisée par le haut de la société contre le bas de la société.
Les élites de l’argent et du diplôme ont fait main basse sur l’Etat pour mieux s’extraire du cadre national[1]. Ces élites ont considéré que leurs pays d’origine - son histoire, sa culture, ses traditions sociales -pesait comme un carcan et brimait leur intelligence, leurs volonté d’enrichissement, leur liberté de caste.
Sans aucun scrupule vis-à-vis de l’héritage national (culture, institutions, histoire…) ces élites « progressistes » américaines – les mêmes ont agi dans le même sens en Europe » - ont tenté de transformer le citoyen en consommateur ; elles ont fait du bien public un bien privé ; elles ont piétiné la culture du mérite (American Dream) qu’elles avaient à charge de transmettre aux générations futures, elles ont pris leurs distances avec les classes moyennes qui ont fait la puissance de l’Amérique et ouvert les frontières à la mondialisation, à l’immigration et au copinage avec l’islam et plus spécifiquement les Frères Musulmans.
Ce à quoi nous assistons depuis le 20 janvier n’est donc pas une danse de Saint Guy, mais un démantèlement des bastions que le progressisme s’est constitué au cours des quarante dernières années au sein de l’Etat fédéral américain.
L’action que mène le président Trump est l’équivalent d’une contre-révolution menée par le haut. Chaque réforme, chaque ligne budgétaire coupée, chaque administration réduite ou supprimée… est censée produire des effets dans tout le reste de la société.
Mais pour que cette contre révolution soit efficace, il a fallu agir vite. La cinquantaine de décrets signés le premier jour par Donald Trump a eu une double fonction : agir mais aussi sidérer. Il fallait empêcher les médias, la justice, une partie du monde des affaires, le FBI, les agences de renseignement, et l’appareil administratif au sens large… de monter une riposte –.
La contre révolution trumpienne est trop vaste pour être détaillée dans un seul article. Les quelques exemples ci-dessous en donneront une idée.
Les axes de la réforme.
· Réduire l’Etat fédéral à sa mission essentielle : Donald Trump a placé le milliardaire Elon Musk à la tête du DOGE (Département de l’efficacité gouvernementale) créé par décret et chargé de mettre en place un programme d’économies compris entre 1 000 et 2000 milliards de dollar, soit un sixième à un tiers du budget fédéral américain.
· Ce programme d’économies a deux fonctions : réduire le train de vie de l’Etat fédéral pour faire baisser les impôts, mais aussi et surtout asphyxier ou faire disparaître toutes ces agences qui ont été détourné de leurs fonctions et ont fonctionné comme des relais idéologiques du progressisme (Agence de protection de l’environnement, le département de la justice environnementale, un bureau peu connu mais crucial chargé de défendre devant les tribunaux les actions environnementales du gouvernement fédéral, le ministère de l’éducation considéré comme un fief du wokisme, ainsi que bon nombre d’agences exerçant dans le domaine de la santé à commencer par le Center for Desease Control dont le site Internet donne des conseils de nutrition aux « personnes enceintes » refusant comme toute administration woke de reconnaître que la grossesse est un privilège féminin et féminin seulement …).
· Asphyxier les pôles progressistes au sein de l’Etat fédéral ne peut pas se faire si les fonctionnaires refusent d’obéir au pouvoir politique. Donald Trump a réintroduit le "Schedule F" par décret qui permet de reclasser des milliers de fonctionnaires fédéraux en employés politiques. Le président américain avait remarqué au cours de son premier mandat que, profitant de leur protection statutaire, certains hauts fonctionnaires ne mettaient pas en œuvre les politiques qu’il ordonnait. Ces derniers pourront désormais être licenciés pour faute grave.
Renouveler la fonction publique fédérale. Elon Musk a pris le contrôle du département des ressources humaines du gouvernement fédéral, qui a invité des milliers de fonctionnaires à profiter d’un plan de départ doté de six mois de salaire. 40 000 fonctionnaires seraient partants. Un juge a pour l’instant bloqué le processus, mais ce délai n’a rien de définitif. Quel est le but de ce plan de départ massif ? Casser les blocages politiques et idéologiques au sein de l’appareil administratif, redonner un sang neuf à la fonction publique, empêcher les mécanismes de cooptation et d’embauches préférentiels de jouer.
· Le Doge a eu également accès au système de paiement du Trésor, un outil puissant qui gère 6 000 milliards de dollars de paiements divers (notamment les retraites du secteur public et la sécurité sociale). On ne sait pas ce qu’Elon Musk y cherche, ni ce qu’il pourrait y trouver (fraudes, paiements indus… ?) mais le Parti Démocrate qui a été un relais du wokisme s’en est inquiété.
· M. Musk s'intéresse également de près au portefeuille immobilier du gouvernement fédéral, géré par la General Services Administration (GSA), et envisage de rationnaliser l’immobilier public. En interne, les dirigeants de la GSA ont commencé à discuter de la suppression de 50 % du budget de l'agence, selon des personnes au courant des discussions.
· Une révolution patriote
La guerre que mène le président Donald Trump est une guerre contre le progressisme, contre l’ouverture des frontières, contre la banalisation de l’Amérique et pour la renaissance du patriotisme. Make America Great Again n’est pas un slogan, c’est un programme de reconquête nationale.
Le postulat de cette guerre est que l’Etat fédéral a été littéralement kidnappé et détourné de sa fonction principale – servir le peuple américain - par une nouvelle caste de révolutionnaires en col blanc issus des grandes universités américaines.
Ce que De Gaulle reprochait à la bourgeoisie française, être très peu patriote, s’avère avoir été vrai aussi de la bourgeoisie américaine. Trump 2.0 c’est le retour de la nation américaine sur le devant de la scène politique et diplomatique.
Dans un prochain article, on illustrera la contre révolution Trump par la mise à bas du DEI (Diversité, Egalité, Inclusion) et de l’USAID.
[1] On lira avec intérêt « La révolte des élites ou la trahison de la démocratie » de Christopher Lasch (Flammarion) et « Le Grand Abandon, les élites françaises et l’islamisme » de Yves Mamou (L’Artilleur)
Agir et sidérer, un excellent principe stratégique !