Que va concocter le tandem Donald Trump - Elon Musk au cours des quatre prochaines années? Nul ne le sait exactement. Mais leurs déclarations faussement intempestives, et leurs tweets boulets de canon montrent que MAGA (« Make America Great Again ») n’est pas un slogan de campagne.
C’est un authentique projet de restauration de la puissance nationale américaine.
Les deux hommes – et surtout Donald Trump - considèrent que la puissance américaine a été affaiblie volontairement par des Démocrates vendus à l’idéologie mondialiste-progressiste-woke. Face aux Etats voyous - un Iran nucléarisé, une Russie agressive et une Chine impériale – ils veulent restaurer la puissance américaine.
COMMENT DONALD TRUMP ET ELON MUSK COMPTENT-ILS S’Y PRENDRE ?
En luttant contre l’Etat profond. Trump a remarqué que son premier mandat avait été parasité par une bureaucratie impersonnelle et incompétente associée à une élite de hauts fonctionnaires (Justice, FBI…) déterminés à saboter son programme. C’est ce qu’il a appelé « the deep state », l’Etat profond.
Plutôt que de passer son second mandat à épurer les services de l’Etat comme Joseph Staline épurait le Parti communiste, Trump semble avoir trouvé plus efficace de transformer l’Etat fédéral lui-même. Trump a nommé Elon Musk et Vivek Ramaswamy à la tête d'un nouveau département gouvernemental appelé "Département de l'Efficacité gouvernementale" (DoGE) et qui sera chargé de « démanteler la bureaucratie gouvernementale, réduire les réglementations excessives, diminuer les dépenses inutiles et restructurer les agences fédérales ce qui est essentiel pour le mouvement ‘Sauver l'Amérique’ ».
Moins, il y aura d’argent dans les caisses fédérales, - Musk parle d’une économie de 1000 milliards de dollars minimum - moins il y aura d’agences qui produiront de la règlementation, et moins les progressistes auront les moyens d’empêcher les « vrais » Américains d’innover et de créer des entreprises.
Cet assèchement financier du « deep state » sera accéléré par une politique de baisse d’impôts : l'impôt sur les sociétés passerait de 21% à 15% pour les entreprises fabriquant aux États-Unis ; les taxes fédérales sur les revenus issus de la sécurité sociale (retraites notamment), sur les pourboires et les cotisations sociales seraient supprimées pour les seniors et les travailleurs rémunérés par le consommateur. Il s’agit de redonner du pouvoir d’achat pour compenser la hausse des prix des produits importés qui seront taxés (voir point 3 « En limitant les importations chinoises »).
Une révolution à la Thatcher est en préparation qui servira de modèle à tous les autres pays occidentaux touchés par le virus woke-progressiste (Allemagne, France, Grande Bretagne).
2 - En recouvrant la maîtrise des frontières. Lors de son premier mandat, Donald Trump avait tenté de faire barrage à l’immigration pour protéger les emplois américains. A juste titre, il avait considéré que les migrants prennent les emplois de la classe ouvrière en acceptant de travailler pour moins cher. Et de fait, la réduction de l’immigration et une économie de plein emploi à cette époque avaient entrainé une hausse mécanique des salaires des cols bleus américains.
Sous Joe Biden, plus de 8 millions de migrants sont entrés aux Etats Unis, dont 6,7 millions par la frontière sud-ouest. Donald Trump a réitéré son projet d’expulsion de plusieurs millions de migrants illégaux qui :
· « Volent » le travail des citoyens américains
· Pèsent sur les finances de Medicare (assurance maladie)
· Poussent les loyers à la hausse
· Accentuent l’insécurité
Mais Donald Trump ne considère pas que l’immigration illégale pose uniquement des problèmes économiques et sociaux. La lutte contre l’immigration illégale est vendue au peuple américain comme une lutte pour l’identité nationale. En autorisant les identités nationales multiples sur un même territoire, les démocrates américains ont entrepris une politique impériale… à domicile. Autrement dit, ils ont expliqué à leur population que leur identité nationale ou religieuse n’avait pas plus de valeur que l’identité nationale ou religieuse des nouveaux arrivants. Et le propre des politiques impériales est, comme l’écrit le philosophe britannique NS Lyons, d’affaiblir les identités nationales. « À mesure que leur majorité démographique et culturelle est affaiblie par cette marée humaine, la voix politique relative des autochtones et leur contrôle sur les institutions et les ressources sont inexorablement minés ; ils se retrouvent bientôt étrangers sur leur propre terre. »
Lutter contre l’immigration non consentie est partie intégrante de MAGA.
3 – En limitant les importations – notamment - chinoises. En 2018, Trump avait ordonné au représentant américain au commerce (USTR) d'appliquer des droits de douane de 50 milliards de dollars sur les produits chinois. Ces droits de douane avaient pour but de compenser les vols massifs de propriété intellectuelle américaine par les agents secrets chinois.
A partir de fin janvier 2025, une nouvelle politique de droits de douane élevés sera mise en œuvre pour tous les produits en provenance du Mexique et du Canada. Il ne s’agit pas là d’un problème économique, mais de sécurité publique. Le Mexique et le Canada ne doivent plus faciliter l’introduction aux Etats Unis du fentanyl, une drogue extrêmement addictive, fabriquée en Chine.
Le Parti communique chinois doit comprendre que la guerre de la drogue à travers laquelle il cherche à affaiblir les Etats Unis doit cesser. Les quantités massives de fentanyl, qui circulent outre-Atlantique, sont en effet d’origine chinoise. Et les ravages de ces comprimés bon marché posent aujourd’hui un authentique problème de sécurité nationale.
« Le 20 janvier, dans le cadre de l’un de mes nombreux premiers décrets, je signerai tous les documents nécessaires pour imposer au Mexique et au Canada un tarif de 25 % sur TOUS les produits entrant aux États-Unis et sur leurs frontières ridiculement ouvertes », a déclaré Trump sur sa plateforme Truth Social. « Ce tarif restera en vigueur jusqu’à ce que les drogues, en particulier le fentanyl, et tous les immigrants illégaux mettent fin à cette invasion de notre pays ! »
4 - En contrôlant ou en exerçant une influence sur des territoires jugés indispensables à la sécurité des Etats Unis.
- Trump veut-il faire du Canada un Etat américain ? Sans doute pas. Mais quand le Premier ministre canadien s’est inquiété des tarifs douaniers envisagés par les Etats Unis, Donald Trump a posé à Justin Trudeau une question précise restée sans réponse : « Votre pays ne peut donc pas survivre sans voler les États-Unis à hauteur de 100 milliards de dollars ? » Trump a ensuite traité Trudeau de « gouverneur » du Canada et a affirmé que « de nombreux Canadiens souhaitent que le Canada devienne le 51e État ». Il semblerait que 10% des Canadiens ne verraient aucun inconvénient à devenir américains.
- Trump veut-il récupérer le Canal de Panama ? Le 25 décembre 2024, Donald Trump s’est connecté à son réseau social, Truth Social, pour souhaiter un « joyeux Noël à tous, y compris aux merveilleux soldats chinois, qui exploitent avec amour, mais illégalement, le canal de Panama ». Brian Hughes, porte-parole de l'équipe de transition Trump-Vance, a déclaré que « le contrôle chinois du canal de Panama constitue une menace absolue pour la sécurité nationale des États-Unis ». Il a fait référence au témoignage devant le Congrès en 2024, du général Laura J. Richardson, chef du commandement sud des États-Unis, qui a expliqué que les investissements chinois dans les infrastructures portuaires, notamment à Panama, servent de « points d’accès multi-domaines futurs » pour l’armée chinoise.
La nouvelle puissance américaine ne saurait tolérer un canal de Panama « chinois » pas plus que Kennedy n’avait toléré des fusées à Cuba.
- Trump veut-il récupérer le Groenland ? Trump a déclaré à plusieurs reprises que le contrôle du Groenland, une île qui appartient au Danemark, était nécessaire à la sécurité nationale des États-Unis. Il s’agit de contrôler mieux et plus la Russie et la Chine. Le gouvernement danois a clairement indiqué que le Groenland n'était pas à vendre, mais semble ouvert à d’autres types de propositions. Trump se contentera-t-il d’un accord avec le Danemark, ou deviendra-t-il le premier président américain depuis 80 ans à conquérir de nouveaux territoires.
5 - En contrôlant ses … « alliés » européens.
- La Grande Bretagne. Musk considère sas doute que l’Angleterre travailliste et immigrationniste n’est pas un allié fiable de l’Amérique. Alors, pour déstabiliser Sir Keir Starmer, Premier ministre de Grande Bretagne, Elon Musk a réveillé le douloureux problème de l’enquête sur les mises en esclavage sexuel de jeunes filles anglaises chrétiennes par des anglais musulmans d’origine pakistanaise. Et il réclame la démission du Premier ministre travailliste qui a étouffé l’affaire à l’époque ou il était procureur à la tête du Service des poursuites judiciaires de la Couronne (CPS).
- Fin juillet 2024, à l’occasion du meurtre de trois fillettes par un islamiste du Rwanda, le gouvernement Starmer avait également condamnée à des peines de prison tous les Anglais qui protestaient contre la politique d’immigration du gouvernement britannique.
- L’Allemagne. Donald Trump avait lors de son premier mandat estimé que l’Allemagne ne dépensait pas assez pour sa défense, engrangeait un excédent commercial trop élevé sur les Etats Unis et critiquait la trop grande dépendance de l’Allemagne envers le gaz russe. Elon Musk de son côté a traité le chancelier Olaf Scholz d'"imbécile" après l'effondrement de son gouvernement de coalition en novembre dernier. Elon Musk a ensuite multiplié les soutiens médiatiques à l'AfD, un parti anti-immigration susceptible de déstabiliser la gauche allemande.
QUELLES CONCLUSIONS TIRER DE TOUT CELA ?
- Qu’une révolution politique et diplomatique est en cours. La réforme de l’Etat aux Etats Unis aura des conséquences sur la dépense des Etats européens. L’avenir est aux coupes budgétaires.
- Que l’Union européenne risque de se fracturer certains pays choisissant de s’aligner (Italie ?) et d’autres non (Allemagne, France) …
- Que l’immigration musulmane va revenir sur le devant de la scène, ajoutant à la crise de l’Union européenne en renforçant les Etats anti immigration (Italie, Hongrie…) et les partis anti immigration en Europe (Rassemblement National en France notamment).