Trump – Israël, la contre révolution conservatrice
L'Amérique "Great Again" de Donald Trump et la défaite de l'axe de la résistance iranien sont deux évènements de portée planétaire.
L’arrivée de Donald Trump au pouvoir aux Etats Unis et la victoire militaire d’Israel sur l’Axe de la résistance iranien sont deux évènements de portée planétaire. Ils marquent - peut-être - le début de la fin d’une double épopée qui s’est avérée particulièrement dévastatrice pour le monde occidental en général et pour le monde juif en particulier.
La première épopée est celle du démantèlement des nations occidentales. Les citoyens d’Europe et des Etats Unis n’en ont pas eu conscience, mais ils se sont vu infliger une invraisemblable révolution. Une révolution par le haut. On croit spontanément que les révolutions se fomentent dans les couches défavorisées : des pauvres tapent du pied et réclament une plus juste répartition des richesses. Mais il n’en est pas toujours ainsi. Les nantis peuvent aussi taper du pied et exiger que la société qui les a vu naitre se reconfigure autrement. C’est ce qui est arrivé et qui se poursuit encore.
La seconde épopée est celle du djihad chiite iranien. Les ayatollahs arrivés au pouvoir en Iran en 1979, ont fait du drapeau palestinien et de la « cause palestinienne », un outil de domination du Moyen Orient. L’éradication de l’Etat d’Israel au nom de la « Palestine », leur est apparu comme le meilleur moyen de séduire les masses arabes, de déstabiliser les régimes sunnites et de devenir le leader moral et politique de la oumma au Moyen Orient. C’est cette stratégie de subordination du Moyen Orient qui vient – on l’espère – de s’effondrer au bout de plus d’un an de guerre entre Israel et le Hamas et le Hezbollah..
En Occident, une révolution par le haut
Une révolte des riches a été la marque des sociétés occidentales depuis quarante ans. Cette révolte des riches a été remarqué pour la première fois, en 1995, par le sociologue américain Christopher Lasch dans son livre « La révolte des élites ou la trahison de la démocratie ». La mondialisation, explique Lasch, a favorisé l’émergence d’une nouvelle couche sociale en Occident, celle des « sachants ». Ces diplômés issus des meilleures écoles ont kidnappé le savoir et les richesses et ont modifié les termes du débat politique au sein de la société américaine : le traditionnel conflit politique droite-gauche a muté en guerre larvée du haut de la société contre le bas de la société.
Lasch a défini les élites comme étant « ceux qui contrôlent les flux internationaux d’argent et d’informations, qui président aux fondations philanthropiques et aux institutions d’enseignement supérieur, gèrent les instruments de la production culturelle et fixent ainsi les termes du débat public ».
Cette nouvelle classe dirigeante a investi massivement l’éducation et la maitrise des outils de communication. Elle a envoyé ses enfants dans des écoles privées, s’est assurée contre les problèmes de santé en adhérant à des plans spécifiques et ont embauché des vigiles privés pour se protéger de la violence que leur désertion économique et sociale a générée. Outre le fait que ces élites n’ont plus vu l’intérêt de payer des impôts pour des services publics qu’elles n’utilisaient pas, elles ont rompu avec le patriotisme. Elles ne se considèrent plus impliqués dans le destin de leur pays.
Ce communautarisme des riches a commencé comme un mouvement sécessionniste. Mais au fil des années, il a fait école : les BLM (Black Lives Matter), les LGBT, les féministes, les trans… ont affirmé eux aussi, que leurs « problèmes » identitaires étaient plus importants que les problèmes globaux de la société américaine. Résultat : La société américaine s’est inévitablement morcelée et communautarisée.
Les mêmes causes ont produit les mêmes conséquences en Europe. Les sociétés européennes, se sont morcelées et communautarisées aussi. La diversité obligatoire, l’inclusion, le genre (il n’y a pas des hommes et des femmes, mais des « genres » auxquels chacun est libre de s’identifier), l’appartenance ethnique ou raciale transformée en destin auquel nul n’échappe, l’appartenance au camp des victimes si l’on est musulman ou une personne de couleur, l’appartenance au camp des bourreaux si l’on est blanc ou juif, le rejet de la méritocratie, le palestinisme pour fédérer ce gloubi boulga… ont, au cours de ces quinze dernières années, reformaté les consciences, mais aussi l’organisation éducative et les entreprises.
La dernière mutation de ce courant sécessionniste, le wokisme, est une dénonciation hurlante de discriminations raciales imaginaires qui font de l’homme blanc un bouc émissaire raciste et sexiste.
L’effondrement du conflit idéologique droite-gauche et sa mutation en guerre idéologique bourreau-victime a été accélérée par une politique d’immigration massive. L’Europe a importé des musulmans africains et maghrébins par millions pendant que les Etats Unis ont ouvert leurs frontières à des dizaines de millions d’hispaniques. Rien que sous Joe Biden, entre 2021 et 2023, près de six millions d’immigrants hispaniques ont été accueillis aux Etats Unis. La France seule accueille un demi-million d’Africains et de Nord Africains. En Europe et aux Etats Unis, les politiques d’immigration massive ont été accompagnées par une politique de naturalisation non moins massive afin de casser le socle des habitudes de vote droite – gauche et de favoriser l’émergence d’un socle électoral clientéliste qui vote mécaniquement pour les élites progressistes qui ouvrent les frontières et distribuent les aides sociales à la volée.
Ces politiques d’immigration et la victimisation systématique des minorités ethniques ont eu un effet dévastateur sur la condition de vie des juifs en France et en Europe : l’antisémitisme s’est répandu comme une trainée de poudre. L’alliance de la gauche progressiste et de l’islam en France et en Europe a contribué à nazifier l’Etat d’Israel et à générer un climat d’insécurité qui est allé croissant pour les juifs d’Europe.
C’est ce courant dévastateur auquel l’élection de Donald Trump a mis un frein.
En Orient, un djihad par la cause palestinienne
Au moment les Etats Unis vont tenter de redevenir une nation (Make America Great Again clame Donald Trump), un nouveau Moyen Orient se dessine. Un Moyen Orient ou Israel traverse une situation éminemment paradoxale : l’Etat hébreu est à la fois devenu un Etat paria mais aussi le grand vainqueur d’une guerre sans concession contre le djihadisme chiite.
Israel ne voulait pas la guerre avec le Hamas. Et les dirigeants israéliens croyaient que les dirigeants du Hamas ne voulaient plus de guerre non plus. Mais le déferlement de haine qui s’est abattu sur le sud d’Israel le 7 octobre 2023 les a détrompés. Les islamistes sunnites du Hamas, financés par le Qatar et armés par l’Iran ont fait savoir aux Israéliens qu’ils n’avaient jamais renoncé à les rayer de la carte.
Après plus d’un an d’une guerre dont le résultat a paru parfois incertain, le résultat est là. Le Hezbollah qui régnait au Liban a été considérablement amoindri et ne doit sa survie qu’à un cesser le feu qui le contraint à déserter le contact frontalier avec Israel. Il n’est pas exclu qu’il devienne une bête de proie pour les autres factions libanaises (Druzes, Sunnites, Chrétiens…) qu’il a malmenés pendant quarante ans. Quant au Hamas qui régnait à Gaza, il est démantelé et ne tire plus sa puissance que des otages israéliens qu’il détient encore.
Conséquence de l’affaiblissement du Hezbollah, le régime de Bashar al Assad porté à bout de bras par l’Iran et le Hezbollah, s’est effondré. La Syrie, province iranienne depuis 2011, est contrôlée aujourd’hui par des djihadistes anti-iraniens… soutenus par la Turquie.
Bien que cette guerre ne soit pas terminée, trois armées - le Hezbollah, le Hamas et la Syrie -, ont cessé de représenter un risque stratégique majeur pour Israel.
Cette victoire – oui, oui, elle nécessite d’être finalisée – marque d’abord l’effondrement de la menace iranienne pour Israel, mais aussi pour les Etats arabes du Moyen Orient. Non seulement l’Iran sort considérablement affaibli – tant en prestige qu’au plan militaire - de cette aventure, mais son étendard palestinien est en lambeaux. Le Hamas étant démantelé, ladite « cause palestinienne » n’est plus incarnée par aucun mouvement arabe, hormis quelques cellules djihadistes en Judée Samarie. Quant à l’Autorité Palestinienne, non seulement elle n’est porteuse d’aucune vision, mais ses dirigeants sont haïs par la population arabe de Judée Samarie.
Cette victoire israélienne apporte de l’eau au moulin trumpien. Car elle est aussi une défaite de la diplomatie progressiste d’Obama-Biden. Cette gauche américaine qui a morcelé la société américaine et imposé la diversité et l’inclusion a aussi tenté de remodeler ses alliances au Moyen Orient. Plutôt que de construire et renforcer son alliance avec Israel, la clique Obama-Biden a tenté de nouer une alliance avec le djihad chiite iranien. Depuis 2012, cette gauche américaine a, considéré Israel comme un obstacle à son rapprochement avec l’Iran. Et depuis le 7 octobre 2023, la gauche Obama-Biden a bridé son « allié » israélien, le menaçant tantôt de lui couper l’approvisionnement en armes, tantôt de ne plus le protéger des résolutions menaçantes du conseil de sécurité des Nations Unis.
Les historiens diront si les Etats Unis n’ont pas joué un rôle considérable dans l’allongement de ce conflit.
Un Moyen Orient ou l’Etat d’Israel aurait toute sa place se dessine. Donald Trump pourrait vouloir élargir les Accords d’Abraham, c’est-à-dire la reconnaissance d’Israel par les Etats arabes du Moyen Orient. Israel en retour, pourrait jouer un rôle considérable dans le développement économique et culturel de la région.
Un cadre économique à cette reconnaissance politique avait d’ailleurs commencé d’être posé. En septembre 2023, les Etats Unis, l’Inde, l’Arabie Saoudite, les Emirats et la Jordanie ont signé un accord pour la création d’un corridor économique permettant de contourner les lenteurs du canal de Suez. L’idée centrale du dispositif était de créer un circuit d’acheminement rapide des marchandises de l’Inde jusqu’à l’Europe en passant par les Etats du Golfe, l’Arabie Saoudite, la Jordanie et… le port de Haïfa en Israel.
La bombe et les arabes djihadistes
Deux obstacles à cet avenir radieux demeurent. Et ils sont de taille.
Le premier est militaire : l’Iran est un Etat du seuil atomique. Il peut construire plusieurs bombes atomiques en un laps de temps très court et les utiliser. Il va dépendre de Donald Trump et de Benjamin Netanyahou d’élaborer une réponse à ce problème crucial : faire en sorte qu’un Etat terroriste comme l’Etat iranien ne puisse pas disposer, ni utiliser une bombe atomique.
Le second obstacle est de nature différente. Mais le Moyen Orient sunnite est lui aussi une bombe atomique politique. Une bombe atomique propalestinienne djihadiste. Il est vrai que, tout au long de la guerre avec le Hamas, les Etats arabes se sont gardés de toute condamnation trop virulente d’Israel. Cette attitude est méritoire, mais insuffisante. Elle est méritoire car il fallait du courage politique pour résister au « propalestinisme » de leur propre population.
Mais elle est insuffisante pour changer les mentalités. Si les Etats du Golfe souhaitent réellement devenir des puissances économiques et politiques régionales, ils ont besoin d’Israel, de son dynamisme économique et technologique. Mais les gouvernements arabes ne profiteront pleinement des relations qu’ils noueraient avec Israel, qu’en cessant de tergiverser. Les républiques ou les royaumes islamiques doivent imposer un nouveau discours. Ils doivent instaurer un nouveau rapport de forces avec la mosquée, ils doivent mettre au pas leur clergé djihadiste et punir de mort toute incitation à la haine contre Israel. Ils disposent du Coran pour cela. Dans le Coran, il est dit que la terre d’Israel appartient aux juifs, mais ce point n’est jamais mis en avant. Hélas, ce même Coran dit aussi qu’il faut tuer tous les juifs. C’est ce point, toujours mis e avant et transmis de génération en génération, qui doit être passé sous silence aujourd’hui.
Inviter les Etats musulmans à ponctuer différemment le Coran est une condition de la survie du monde civilisé.
Cette règle s’applique bien sur à la Turquie qui pourrait être tentée de chausser les bottes impériales devenues trop grandes pour les ayatollahs iraniens.
Quant aux Etats Unis, si la contre révolution conservatrice qui s’annonce est correctement menée, si les bastions universitaires et judiciaires du wokisme sont éradiqués, si les idéologies de l’identité, de la race et toutes ces sornettes faites pour détruire les nations et haïr les juifs, dévissent, alors, il en ira de même en Europe. Nous pourrons sans doute respirer mieux au cours des quatre prochaines années du mandat Trump.
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