Thomas Sowell est l’un des penseurs les plus profonds de notre temps. C’est sans doute pour cela qu’il est si peu traduit en France. Le 24 juillet 2006, dans Capitalism Magazine, il signait un article intitulé « Pacifists versus Peace », que l’on pourrait traduire par « Pacifistes contre la Paix ». On peut y lire la phrase suivante :
« Les gens réclament un cessez-le-feu au nom de la paix. Mais il y a eu plus de cessez-le-feu au Moyen-Orient que partout ailleurs. Si les cessez-le-feu favorisaient réellement la paix, le Moyen-Orient serait la région la plus pacifique de la planète, alors qu’elle demeure la plus violente. »
Le cessez-le-feu imposé le 24 juin 2025 par Donald Trump au conflit entre l’Iran et Israël fait partie de ces décisions raisonnables qui n’éliminent pas le risque de guerre.
« Il fut un temps, poursuit Thomas Sowell, où il aurait été suicidaire de menacer, et plus encore d’attaquer, une nation dotée d’une puissance militaire bien plus forte, car l’attaquant aurait couru le risque d’être anéanti. »
Mais aujourd’hui, il n’en va plus ainsi.
« L’‘opinion publique’, l’ONU et les ‘mouvements pacifistes’, explique Thomas Sowell, ont éliminé cet effet dissuasif. Aujourd’hui, un agresseur qui échoue sait qu’il sera toujours protégé des représailles et de la fureur de ses victimes, car des voix s’élèveront pour exiger un cessez-le-feu, des négociations et des concessions.
C’est la formule qui a mené à des attaques incessantes contre Israël au Moyen-Orient. Le bilan désastreux de cette approche s’étend à d’autres époques et à d’autres lieux — mais qui examine ces bilans ? »
Le bilan de la guerre Israël-Iran
Le bilan de la guerre Israël–Iran s’établit en quelques chiffres. Plus de 20 hauts gradés militaires iraniens ont été tués, 14 physiciens spécialistes du nucléaire ont été éliminés. Les principales installations nucléaires (connues) ont été endommagées ou dégradées : Natanz, Fordo, Ispahan… Près de 1 000 missiles balistiques ont été détruits au sol et 65 % des lanceurs de missiles ont été neutralisés. Des aérodromes, des dépôts de munitions et des installations radar ont été détruits dans l’ouest de l’Iran. L’espace aérien iranien est demeuré sans défense crédible au premier jour de la guerre.
L’Iran, de son côté, a lancé 500 missiles balistiques et 1 000 drones contre Israël. Presque tous ont été interceptés. « Parmi ceux qui ont atteint leur cible, moins de dix ont causé des dégâts mortels. Vingt-huit Israéliens ont été tués, dont 27 civils et un soldat », écrit John Spencer, directeur exécutif de l’Urban Warfare Institute.
Il ajoute :
« Alors que les civils étaient contraints de se réfugier dans des abris et que la vie quotidienne était perturbée, le système de défense aérienne intégré d’Israël, soutenu par des alliés comme les États-Unis et la Jordanie, a atteint des taux d’interception compris entre 80 et 90 %. Les défenses anti-drones ont fonctionné presque sans faille. Un seul drone a pénétré l’espace aérien israélien et atteint une ville, sans faire de victimes. »
Les dégâts les plus notables ont été infligés à l’hôpital Soroka et à l’Institut Weizmann, un centre de recherche de niveau mondial.
Le cessez-le-feu imposé par Donald Trump sanctionne une victoire militaire israélienne. L’Axe de la résistance (Hezbollah, Hamas, Houthis, Syrie de Bachar al-Assad…) a été partiellement détruit et affaibli. Et le mythe de la puissance militaire iranienne en a pris un coup.
Le risque mortel d’une explosion nucléaire a été repoussé, mais ne semble pas avoir été éliminé. « L’Iran a subi une défaite décisive (…) et n’est plus aussi proche de se doter de l’arme nucléaire », écrit John Spencer.
Quelles suites politiques ?
Sans la volonté politique de Donald Trump, un tel résultat n’aurait jamais été obtenu. Le processus qui a décidé de la guerre a lui-même été remarquable. Le président américain a imposé deux mois de discussions aux Iraniens pour qu’ils renoncent de leur plein gré à leur « droit » à l’enrichissement de l’uranium. Ces négociations n’ayant pas abouti, Trump ne s’est pas opposé à une attaque de l’Iran par Israël. L’armée de l’air américaine est elle-même intervenue en appui, pour lancer des bombes ultra-perforantes sur Fordo. En 12 jours, Tsahal a démontré que l’Iran était un tigre en papier.
De nouvelles négociations vont-elles s’engager avec l’Iran sur le nucléaire ? L’Iran va-t-il définitivement renoncer à se doter d’une arme nucléaire en échange d’une levée des sanctions ?
Rien n’est acquis.
La guerre s’est arrêtée au seuil du renversement de régime. Ni les États-Unis, ni Israël n’ont cherché à décapiter le pouvoir des mollahs. Ce qui est bien dommage !
Pourquoi ?
Toutes les guerres qui ont éclaté au Moyen-Orient contre Israël sont des guerres religieuses. Ni l’islam sunnite, ni l’islam chiite n’ont supporté le retour des Juifs sur leur territoire d’origine. Israël est perçu par les musulmans comme une création diabolique.
La réclamation « nationale » palestinienne, Israël État colonial… et toutes les billevesées de Free Palestine n’ont jamais été qu’un habillage islamiste destiné à rallier la gauche occidentale.
On pourra le vérifier ici (« Déménager les Gazaouis ? »), le monde musulman a toujours été réfractaire à la notion de « partage » et donc de paix. Près de vingt plans de partage ont été élaborés en un siècle. Tous ont été refusés par les Arabes et les musulmans en général. Ce refus est le signe le plus sûr qu’une logique religieuse prime sur une logique politique.
Israël a-t-il travaillé pour les Arabes ?
La guerre déclenchée par le Hamas le 7 octobre 2023, poursuivie par le Hezbollah, puis par les Houthis, puis par l’Iran, s’inscrit dans la lignée des guerres précédentes : un projet islamiste d’éradication du fait national juif au Moyen-Orient.
Mais une précision s’impose. L’Iran chiite n’a pas bâti un « Axe de la Résistance » (Hezbollah, Hamas, Houthis, Syrie de Bachar el-Assad…) pour défendre la « cause palestinienne », qui est une cause arabe. L’Iran n’a pas cherché à se doter de la bombe atomique pour créer un État arabe palestinien de plus.
Non. Le projet iranien a instrumentalisé une cause arabe — la « cause palestinienne » — pour s’imposer comme la puissance islamique dominante au Moyen-Orient.
L’Iran a brandi la « cause palestinienne » parce qu’elle était le seul outil capable de rallier les masses arabes et sunnites à un étendard perse et chiite.
La victoire d’Israël sur l’Iran a rendu service aux États arabes. Ils ont été libérés du risque impérial iranien. La victoire militaire d’Israël a libéré les États arabes de la liesse phénoménale qui aurait accueilli une victoire iranienne. Israël a libéré les États arabes d’un risque important de déstabilisation interne.
Mais la victoire d’Israël a aussi libéré les États arabes de l’obligation de se rapprocher d’Israël dans le but d’organiser une défense commune contre l’Iran.
Comment les pays arabes risquent-ils de remercier Israël ? En exigeant toujours davantage la création d’un État palestinien. C’est en effet le seul moyen de satisfaire la rancœur religieuse de leurs populations et d’affaiblir politiquement la première puissance militaire du Proche-Orient.
Ce cessez-le-feu ne sort donc pas Israël de son isolement diplomatique au Moyen-Orient. Et les chances d’une paix réelle avec les États du Golfe sont faibles.
Un Iran débarrassé des islamistes chiites, en revanche, aurait pu ouvrir la voie à une authentique transformation du Moyen-Orient. Une transformation symbolique et diplomatique.
Symbolique, car la prise du pouvoir par les ayatollahs en Iran, en 1979, a été le déclencheur de la vague islamiste qui a submergé le monde musulman et le monde occidental. À partir de 1979, chaque musulman s’est voulu plus islamiste que les ayatollahs. La sortie du peuple iranien de la dictature des mollahs aurait pu donner le coup d’arrêt à cette vague de ferveur religieuse totalitaire.
Diplomatique, car une représentation diplomatique iranienne à Jérusalem en 2026 ou en 2027 aurait été un marqueur plus que symbolique d’un nouveau Moyen-Orient. Le signe que quelque chose de différent a commencé d’émerger. Un signal qui aurait encouragé les États arabes à en faire autant.
Très mauvaise limonade ! Nous n'avons pas acheté la paix pour longtemps ! Rendez-vous dans 5 ou 10 ans ... même sujet même endroit !
Le légalisme Trumpien, ne peut se contenter de faire le travail à moitié ! Le temps de reconstruire ce qui a été détruit et d'enterrer les victimes des missiles Iraniens, 'on se retrouvera dans la même situation à plus ou moins longue échéance. L'islam totalitaire, lui, en ressortira intact ! J'espère me tromper !