BBC Arabic, la chaîne en arabe du groupe de médias publics britanniques BBC, vient de licencier Ahmed Alagha, reporter arabe qui avait traité à l’antenne les juifs de « diables » et qui, sur X (ex-Twitter), a affirmé que « … les Israéliens ne sont pas des êtres humains, mais plutôt des animaux. ».
La BBC s’est séparée d’Alagha après une campagne menée par le journal conservateur The Telegraph et par Camera (Committee for Accuracy in Middle East Reporting and Analysis), un site de veille sur la désinformation concernant Israël.
À la mi-mai, cette même BBC a licencié son commentateur vedette de football Gary Lineker – ancien capitaine de l'équipe d'Angleterre – qui, sur Instagram, avait comparé le sionisme à un rat.
En avril 2025, Samer Elzaenen, journaliste de BBC Arabic, a, lui aussi, été mis à distance de la chaîne : il avait écrit sur les réseaux sociaux : « Comme Hitler, nous brûlerons les Juifs. » Sur Facebook, en juillet 2022, Elzaenen avait posté : « Si les choses tournent mal, abattez les Juifs, ça arrange tout. »
Etc.
La BBC, énorme conglomérat audiovisuel public (450 millions d’auditeurs et de téléspectateurs par semaine en 2024), représente-t-elle « la principale source des mensonges et de la haine d'Israël en Grande-Bretagne » comme l’écrit la journaliste et politologue Melanie Phillips ?
BBC : INVENTAIRE
BBC Arabic est une radio et une chaîne d’information en langue arabe qui diffusent 24 heures sur 24 depuis Londres et le Caire vers le Moyen-Orient. BBC Arabic est cofinancée par le ministère des Affaires étrangères britannique et touche 38 millions de personnes par semaine dans le monde arabophone.
Même Samir Shah, président de la BBC, a déclaré qu’une enquête indépendante était en cours sur BBC Arabic.
En mars 2025, CAMERA (Committee For Accuracy in Middle East Reporting And Analysis), une ONG spécialisée dans la veille médiatique, a publié une étude intitulée « BBC Arabic : Information ou Propagande ». Ce texte d’une centaine de pages fait l’inventaire de quatre années de contenu produit par cette branche du BBC World Service.
Les exemples les plus saillants (tous sont tirés de l’étude en question) montrent que BBC Arabic est devenu « synonyme d'hostilité toxique à Israël et, parfois, de racisme antijuif ».
- BBC Arabic décrit tous les Israéliens comme des « colons » et affirme que certains de ces « colons » ont « pris d'assaut » la mosquée al Aqsa.
- Quelques semaines avant l’attaque d’Israël par le Hamas le 7 octobre 2023, BBC Arabic a expliqué qu’il y a deux mille ans déjà, des « juifs fanatiques » se sont opposés aux légions romaines à Massada. Et pour faire bonne mesure, le reportage était illustré par des photos de l’attentat du 11 septembre contre les tours jumelles de Manhattan. BBC Arabic indiquait : « les premiers attentats-suicides ... étaient le fait d'un groupe de fanatiques juifs qui répandaient la peur... pendant l'occupation romaine ».
- Les « journalistes » de BBC Arabic ne parlent que rarement du gouvernement de Jérusalem, ils parlent du gouvernement de Tel Aviv.
- Il leur arrive d’« offrir une tribune à des terroristes et de présenter des apologistes du terrorisme comme des « experts indépendants ».
- Camera ajoute que les invités israéliens « sont soumis à des questions biaisées et hostiles » et que nombre de ses commentateurs ont minimisé les attaques contre les Israéliens et n’a pas réussi à supprimer rapidement les commentaires antisémites publiés en ligne ».
- Le 7 octobre 2023, « des salariés de BBC Arabic ont eux-mêmes « publié des messages de soutien au viol, au meurtre et à l'enlèvement barbares d'hommes, de femmes et d'enfants innocents ». Deux ans après, ils « continuent de travailler pour l'organisation ».
D’autres groupes de veille sur l’information concernant le Moyen-Orient, comme Honest Reporting, ont mis en lumière la dimension propagandiste – pour ne pas dire djihadiste – des reporters arabes de BBC Arabic.
La députée conservatrice Kemi Badenoch a écrit au directeur général de la BBC, Tim Davie, pour exiger une « réforme en profondeur » du service arabe de la BBC, affirmant qu’il fournissait une « plateforme aux terroristes » et diffusait un «antisémitisme épouvantable » et un « biais anti-Israël ».
FAKE DOCUMENTAIRE
BBC Arabic serait un cas à part ? La BBC en anglais n’est guère plus déontologique.
Le 19 février dernier, la BBC a diffusé à l’ensemble des foyers britanniques un documentaire intitulé « Gaza : comment survivre en zone de guerre ». Les tribulations du petit Abdullah, 13 ans, dans les ruines de Gaza, étaient censées documenter les techniques de survie d’enfants gazaouis livrés à la guerre.
Mais, patatras ! Cette ode à la souffrance des enfants palestiniens s’est avérée être un fake monumental. En à peine cinq heures, David Collier, journaliste d’investigation basé à Londres, a découvert qu’Abdullah, le héros du documentaire, était le fils du Dr Ayman Al-Yazouri, vice-ministre de l'Agriculture du Hamas. Une des petites filles du film était la fille d'un capitaine de police de Gaza que Collier décrit comme un « agent du Hamas ». Un des autres enfants du documentaire a été retrouvé sur une photo, brandissant un fusil d'assaut AK-47 à côté d'un terroriste du Hamas.
À contre cœur, la BBC a retiré le film du catalogue et Samir Shah, président de la BBC, a comparé le film à un coup de « poignard dans le cœur de la prétention de la BBC à être impartiale et digne de confiance ».
En septembre 2024, un cabinet d’avocats britannique, le Asserson Law Offices, a publié une étude sur la couverture (en anglais et en arabe) par la BBC des quatre premiers mois de la guerre à Gaza. Sur requête d’un de ses clients, un homme d’affaires israélien, le cabinet d’avocats de Trevor Asserson a recruté, financé et piloté une équipe de vingt juristes et de vingt data scientists dotés d’outils d’intelligence artificielle pour passer au crible neuf millions de mots.
Pour quel résultat ?
La BBC a violé 1500 fois ses propres règles professionnelles et déontologiques.
Israël a été associé au terme « génocide » 14 fois plus que le Hamas,
L’expression « crimes de guerre » a été associée à Israël six fois plus souvent qu’au Hamas (592 mentions contre 98).
Le terme « organisation terroriste » n’a désigné le Hamas que dans seulement 7,7 % des cas, en dépit de sa désignation officielle comme telle par le gouvernement britannique.
Les reportages de la BBC ont surtout mis en avant des civils palestiniens présentés comme des « victimes », tandis que les intervenants israéliens étaient majoritairement des officiels.
BBC Arabic a développé une information outrageusement favorable au Hamas dans 90 % de ses articles et vidéos, y compris le 7 octobre, jour de l'attaque du Hamas contre Israël.
La BBC a rejeté les conclusions du rapport, contesté la méthodologie à base d’IA et de comptage de mots. Elle a affirmé que le rapport ne fournit aucune preuve nouvelle de manquement de la BBC à ses obligations en matière d'exactitude et d'impartialité.
NIER, QUEL AUTRE CHOIX ?
La BBC n’a pas eu d’autre choix que de nier en bloc les conclusions du rapport Asserson. Accepter la critique l’aurait obligé à reconnaître que ses centaines de journalistes vivaient – concernant le Moyen-Orient – dans un cadre mental et politique qui n’entretient qu’un rapport distant avec la réalité.
Ce cadre mental a deux fondements :
- les Palestiniens seront toujours des victimes
- Et les Israéliens seront toujours des criminels.
Cette nazification des Israéliens ne s’est pas mise en place en un jour. Elle a été construite progressivement, comme nous avons tenté de le montrer dans un précédent article « Génocide ! Génocide ! La nazification de l’État d’Israël ».
Le résultat de ce schéma de pensée (Israël/nazi – Palestine/victime) pèse comme une Tour Eiffel.
Pour mesurer la pesanteur de cette réinvention du réel, il faut remonter aux semaines qui ont suivi le 7 octobre 2023, jour de l’attaque du Hamas contre Israël. À cette époque, des affiches représentant les 237 otages juifs retenus dans les geôles du Hamas ont commencé à être posées partout dans les rues des grandes villes d’Europe et des États-Unis. Immédiatement, des citoyens lambda, – des musulmans, mais pas seulement – se sont jetés sur les murs pour les arracher. Souvent, ces iconoclastes ont filmé leur arrachage comme pour s’en glorifier. Cela s’est passé à Boston, Londres, Miami, New York, Melbourne, Philadelphie, Ann Arbor, Los Angeles et Paris. Par centaines, des vidéos d’arrachage des affiches d’otages ont été mises en ligne, presque aussi nombreuses que les poses d’affiches.
Emily Benedek, journaliste américaine, s’est intéressée au phénomène. Elle raconte dans Tablet Magazine que les iconoclastes n’avaient pas toujours les idées claires. Certains étaient « enragés et incapables de s’exprimer ; d’autres se montraient furtifs et défensifs ; quelques-uns se déclaraient fiers de leurs actions ; d’autres affichaient une effrayante suffisance ». « Mais tous », ajoute Emily Benedek « semblaient fonctionner sur une fréquence étrange (…) comme s’ils ne supportaient pas la discussion ou une simple remise en question, comme s’ils appartenaient à une secte ».
Des zombies, quoi !
Par centaines, sur trois continents, ces lémures ont dessiné les moustaches d’Hitler sous le nez des bébés Bibas assassinés de sang-froid par le Hamas, plaisanté sur un bébé rôti vivant par un milicien du Hamas (« du sel ? Du poivre ? ») et il s’est même trouvé un député LFI pour accuser les Israéliens d’avoir eux-mêmes rôti le bébé.
Emily Benedek cite la seule explication possible, celle qui a été donnée sur Instagram par une jeune Israélienne d’Afrique du Sud : « Les arracheurs d’affiches ont agi sous la contrainte. Les photos d’innocents kidnappés ne correspondaient pas à la propagande diffusée partout dans le monde, une propagande qui nie l’humanité des Juifs et des Israéliens et les dépeint comme des monstres qui oppriment des Palestiniens innocents ».
Les journalistes de la BBC – et de bien d’autres médias – partagent avec les arracheurs d’affiches le même univers contraint. Seul le juif se comporte comme un nazi.
Quand la BBC a retiré – la mort dans l’âme – le documentaire bidonné sur les enfants de Gaza (voir plus haut), que croyez-vous qu’il arrivât ? Des avocats palestiniens ont déposé plainte contre le retrait du documentaire par la BBC et une pétition signée par plus de 450 professionnels des médias et du cinéma a appelé la direction de la BBC à soutenir le documentaire « avec confiance », affirmant qu'il représente « un élément essentiel du journalisme (sic), offrant une perspective trop rare sur les expériences vécues par les enfants palestiniens vivant dans des circonstances inimaginables ».
Aujourd’hui encore, CNN et le New York Times affirment que les soldats israéliens tuent par balles des dizaines de Gazaouis qui font la queue pour un carton d’aide humanitaire. Michael Oren, ancien ambassadeur d’Israël, historien, en a été si indigné (« J’Accuse » écrit-il) qu’il a « demandé aux sources les plus haut placées et les plus informées de Tsahal si les affirmations des médias étaient fondées. La réponse a été un « non » catégorique. Les troupes israéliennes n'ont jamais ouvert le feu sur des Palestiniens en quête d'aide. »
« Le message des médias est simple, » conclut Michael Oren : « les Juifs sont un peuple fondamentalement sanguinaire qui prend plaisir à massacrer des innocents. » Des nazis, vous dit-on !
Article tres eclairant.... Chapeau!
Merci pour la découvert de cette ONG https://www.camera.org/
Devant ce déchainement d'attaques médiatiques, et comme dans les années 2001-2005 pendant lesquelles israel était déjà associé au génocide et apartheid, ne faut-il pas plutôt se concentrer sur l'objectif de lâcher la meute ? En 2005 ce fût la décision d'imposer le retrait de Gaza.
En 2025, cela sera quoi ?